lettre à Gérard Filoche
Bonjour
Je ne suis hélas pas
aussi optimiste que toi sur la possibilité réelle d’un réveil du PS. Sur sa
nécessité absolue, urgente, vitale on est d’accord, bien sûr, mais sur la
possibilité que le PS revienne à gauche, j’en doute. En tous cas pas avant les
prochaines échéances électorales.
Les appétits de certains sont devenus trop grands. Appétits de pouvoir, un pouvoir
obtenu d’ailleurs grâce à de nombreux militants séduits par la dérive
social-libérale du parti. Cadres et militants sont coresponsables de cette
dérive. Et par conséquent de l’éloignement du parti de ce qui aurait du
toujours être la base de
l’électorat : les ouvriers, salariés, les précaires, les exclus, les
habitants des « cités », des régions fragiles qui ont un besoin vital
de pouvoir s’adresser à des responsables politiques proches de leurs
préoccupations quotidiennes, de leurs soucis de fin de mois, de leur
surendettement, de la scolarité de leurs enfants, de leur santé … Et qui ont
besoin d’entendre ,et surtout de croire, que ces responsables politiques ont
une vision de la société avant que d’être des machines électorales.
J’ai toujours défendu
le personnel politique (et même de tous bords), considérant que dans leur
grande majorité les élus sont des gens honnêtes. Je continue de le penser.
Cependant dans les discussions que je peux avoir depuis longtemps avec des
« gens » au gré de mes tentatives de militantisme actif, l’argument
selon lequel les politiques ne sont présents que lors des élections est une constante.
Et cela n’épargne pas les élus de « gauche ».
Ainsi le terme
« gauche » n’a même plus cette vertu de caractériser un élu comme
proche des gens.
Que reste-t-il alors au
PS pour se distinguer ces dernières années des partis de droite français ?
Ben … rien. Jusqu’au dernier scrutin on aurait pu imaginer que le travail de
sape démocratique de l’UMP et de sa force médiatique avait escamoté la réalité
de la représentativité du PS. Depuis le 7 juin cela est devenu une triste, une
désolante réalité : le PS ne propose rien de mieux aux Français que l’UMP…
C’est navrant et dramatique pour les
ouvriers, salariés, les précaires, les exclus, les habitants des… et pour
la démocratie.
Comment peut-on avoir
élu un tel Président de la République ? Eh ben c’est parce qu’il n’y avait
rien de mieux, de moins pire en face. Et il ne s’agit pas seulement de
personne, mais aussi de proposition politique, de programme.
Être obligé, quand je
me déclare de gauche, de rajouter « réellement », puis de
préciser « Parti de Gauche » produit toujours en moi le même
début de colère. Colère rouge de voir la notion même de gauche politique
usurpée par ceux-là même qui devaient la porter ; colère noire en pensant
à tous ceux qui n’ont plus qu’à se tourner vers la droite, ou vers un aréopage
improbable d’écologistes et autres centristes en mal de mandat européen, pour espérer une amélioration de leur
conditions de vie, en pure perte évidemment, alors qu’ils auraient voulu voter
à « gauche » ; colère irrépressible d’avoir du quitter le PS après
l’infâme reniement idéologique qui a poussé des irresponsables à passer des
accords avec les libéraux, capitalistes de tous poils et demander à voter ce
Oui de triste mémoire au traité de Lisbonne.
Le PS a perdu son âme.
Certains de ses responsable déclarent même SANS HONTE qu’il faut supprimer le
mot socialisme du nom du parti … Et
ils se plaignent de se prendre des branlées
aux élections ? Que ceux rejoignent le Modem sans tarder, ça éclaircira la
situation. Qu’ils aient enfin le courage de le faire. Et alors Jaurès
reconnaitra les siens. Et les électeurs aussi.
Je n’ai pas eu ta
patience de rester au PS en espérant qu’il revienne à gauche. J’ai rejoins le
Parti de Gauche, ou les idées de gauche ont un bel avenir devant elles. Sans
honte, sans complexe, avec un programme politique de gauche, des comportements
politiques dignes de la mission honorable de cette activité : l’intérêt général
en tête.