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VideCrâne
3 novembre 2009

Daniel

Ce matin j’ai passé un long moment avec Daniel.

Quelques minutes auparavant, il était entré dans le bureau des éducs de la Mas, avec une éduc d’un autre groupe. Et il ne voulait plus en sortir. Décontenancée, elle ne savait comment faire pour que cela se passe bien pour elle et lui. Elle a demandé de l’aide sur notre groupe, je me suis proposé.

Il était paisiblement assis sur une chaise, et ne semblait pas en crise. Je lui ai d’abord demandé s’il allait bien puis s’il voulait bien sortir du bureau avec moi. Il s’est alors mis à geindre tout en fronçant le visage en signe de désapprobation. Je lui présenté ma main pour qu’il la prenne et me suive mais il l’a saisie pour la malmener, en serrant fort mes doigts, comme il le fait quand une crise s’annonce. Mais ce n’est pas allé au-delà.

J’ai alors supposé, à haute voix, qu’il devrait se sentir bien ici, et que sans doute un souvenir positif et agréable y était peut-être associé. J’ai dit cela dans l’espoir qu’il comprenne que je faisais l’effort de comprendre, ou d’entendre son ressenti ; afin de gagner sa confiance. Puis arguant qu’il ne pouvait rester seul ici puisque je devais moi aussi quitter ce lieu, je lui ai reproposé de sortir. La communication « manuelle » a alors repris, dans les mêmes conditions. Longuement, mais sans se détériorer. Sa plainte n’annonçait pas de crise, simplement un mécontentement mêlé de tristesse.

Au bout de longues minutes de malaxage de mes doigts – cela ne m’était pas douloureux et semblait même lui permettre de contenir son mal-être – il s’est de nouveau calmé.

Je ne sais plus comment mais suis parvenu à ce qu’il se lève. Tout ce qui précède s’était déroulé alors qu’il était assis, ainsi que moi à côté de lui.

Je lui ai proposé - montré d’abord – une chaise dans le couloir. Il l’a vue, m’a cru, et l’a donc acceptée.

Une fois assis sur cette chaise, je lui ai massé les mains – comme on le fait au théâtre pour s’échauffer – et les bras pour l’aider à se détendre. Sans doute aussi pour entrer dans un autre niveau de communication, plus proche, plus humain. Il a semblé apprécier. Pendant ces quelques minutes, il a plongé longuement son regard dans le mien. C’était troublant.IMGP4049

 

En fait, Pierre me l’a dit ensuite, ils avaient passé un peu de temps quelques fois tous les deux dans ce bureau, loin du groupe de son bruit et de son agitation coutumière. Pierre lui offrait un café à l’occasion.

Voilà, c’était cela que voulait Daniel, un peu de quiétude. Et de partage d’humanité.

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